法語(yǔ)小說(shuō)閱讀:《茶花女》第12章
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2020-08-19 01:54
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摘要:
法語(yǔ)小說(shuō)閱讀:《茶花女》第12章
Chapitre XII:
à cinq heures du matin, quand le jour commen?a à para?tre à travers les rideaux, Margueriteme dit :
-pardonne-moi si je te chasse, mais il le faut.Le duc vient tous les matins ; on va lui répondre que je dors, quand il va venir, et il attendrapeut-être que je me réveille.
Je pris dans mes mains la tête de Marguerite, dontles cheveux défaits ruisselaient autour d' elle, etje lui donnai un dernier baiser, en lui disant :
-quand te reverrai
-je ?
-écoute, reprit-elle, prends cette petite clefdorée qui est sur la cheminée, va ouvrir cette porte ; rapporte la clef ici et va-t' en. Dans lajournée, tu recevras une lettre et mes ordres,car tu sais que tu dois obéir aveuglément.
-oui, et si je demandais déjà quelque chose ?
-quoi donc ?
-que tu me laissasses cette clef.
-je n' ai jamais fait pour personne ce que tu medemandes là.
-eh bien, fais-le pour moi, car je te jure que moi, je ne t' aime pas comme les autres t' aimaient.
-eh bien, garde-la ; mais je te préviens qu' ilne dépend que de moi que cette clef ne te serve à rien.
-pourquoi.
-il y a des verrous en dedans de la porte.
-méchante !
-je les ferai ?ter.
-tu m' aimes donc un peu ?
-je ne sais pas comment cela se fait, mais il mesemble que oui. Maintenant va-t' en ; je tombe desommeil.
Nous restames quelques secondes dans les bras l' unde l' autre et je partis.
Les rues étaient désertes, la grande ville dormaitencore, une douce fra?cheur courait dans cesquartiers que le bruit des hommes allait envahirquelques heures plus tard.
Il me sembla que cette ville endormie m' appartenait ;je cherchais dans mon souvenir les noms de ceuxdont j' avais jusqu' alors envié le bonheur ; et jene m' en rappelais pas un sans me trouver plusheureux que lui.
être aimé d' une jeune fille chaste, lui révéler lepremier cet étrange mystère de l' amour, certes,c' est une grande félicité, mais c' est la chose dumonde laplus simple. S' emparer d' un coeur qui n' a pasl' habitude des attaques, c' est entrer dans uneville ouverte et sans garnison. L' éducation, lesentiment des devoirs et la famille sont de trèsfortes sentinelles, mais il n' y a sentinelles sivigilantes que ne trompe une fille de seize ans,à qui, par la voix de l' homme qu' elle aime, lanature donne ces premiers conseils d' amour quisont d' autant plus ardents qu' ils paraissentplus purs.
Plus la jeune fille croit au bien, plus elles' abandonne facilement, sinon à l' amant, du moins àl' amour, car étant sans défiance elle est sansforce, et se faire aimer d' elle est un triomphe quetout homme de vingt-cinq ans pourra se donner quandil voudra. Et cela est si vrai que voyez comme onentoure les jeunes filles de surveillance et deremparts ! Les couvents n' ont pas de murs assezhauts, les mères de serrures assez fortes, lareligion de devoirs assez continus pour renfermertous ces charmants oiseaux dans leur cage, surlaquelle on ne se donne même pas la peine de jeterdes fleurs. Aussi comme elles doivent désirer cemonde qu' on leur cache, comme elles doivent croirequ' il est tentant, comme elles doivent écouter lapremière voix qui, à travers les barreaux, vientleur en raconter les secrets, et bénir la main quilève, la première, un coin du voile mystérieux.Mais être réellement aimé d' une courtisane, c' estune victoire bien autrement difficile. Chez elles,le corps a usé l' ame, les sens ont br?lé le coeur,la débauche a cuirassé les sentiments. Les motsqu' on leurdit, elles les savent depuis longtemps, les moyensque l' on emploie, elles les connaissent, l' amour même qu' elles inspirent, elles l' ont vendu. Ellesaiment par métier et non par entra?nement. Ellessont mieux gardées par leurs calculs qu' une viergepar sa mère et son couvent ; aussi ont-ellesinventé le mot caprice pour ces amours sans traficqu' elles se donnent de temps en temps comme repos,comme excuse, ou comme consolation ; semblables àces usuriers qui ran?onnent mille individus, et quicroient tout racheter en prêtant un jour vingt francsà quelque pauvre diable qui meurt de faim, sansexiger d' intérêt et sans lui demander de re?u.Puis, quand Dieu permet l' amour à une courtisane,cet amour, qui semble d' abord un pardon, devientpresque toujours pour elle un chatiment. Il n' y a pasd' absolution sans pénitence. Quand une créature,qui a tout son passé à se reprocher, se sent toutà coup prise d' un amour profond, sincère,irrésistible, dont elle ne se f?t jamais cruecapable ; quand elle a avoué cet amour, commel' homme aimé ainsi la domine ! Comme il se sentfort avec ce droit cruel de lui dire : vous nefaites pas plus pour de l' amour que vous n' avezfait pour de l' argent.
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