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法語小說閱讀:三個火槍手(56)

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來源:網(wǎng)絡(luò) 2021-01-10 23:30 編輯: 歐風(fēng)網(wǎng)校 207

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摘要: 法語小說閱讀:三個火槍手(56)

CINQUIEME JOURNEE DE CAPTIVITE.



囚禁的第五天

Cependant Milady en était arrivée à un demi-triomphe, et le succès obtenu doublait ses forces.

Il n'était pas difficile de vaincre, ainsi qu'elle l'avait fait jusque-là, des hommes prompts à se laisser séduire, et que l'éducation galante de la cour entra nait vite dans le piège ; Milady était assez belle pour ne pas trouver de résistance de la part de la chair, et elle était assez adroite pour l'emporter sur tous les obstacles de l'esprit.

Mais, cette fois, elle avait à lutter contre une nature sauvage, concentrée, insensible à force d'austérité ; la religion et la pénitence avaient fait de Felton un homme inaccessible aux séductions ordinaires. Il roulait dans cette tête exaltée des plans tellement vastes, des projets tellement tumultueux, qu'il n'y restait plus de place pour aucun amour, de caprice ou de matière, ce sentiment qui se nourrit de loisir et grandit par la corruption. Milady avait donc fait brèche, avec sa fausse vertu, dans l'opinion d'un homme prévenu horriblement contre elle, et par sa beauté, dans le coeur et les sens d'un homme chaste et pur. Enfin, elle s'était donné la mesure de ses moyens, inconnus d'elle- même jusqu'alors, par cette expérience faite sur le sujet le plus rebelle que la nature et la religion pussent soumettre à son étude.

Bien des fois néanmoins pendant la soirée elle avait désespéré du sort et d'elle-même ; elle n'invoquait pas Dieu, nous le savons, mais elle avait foi dans le génie du mal, cette immense souveraineté qui règne dans tous les détails de la vie humaine, et à laquelle, comme dans la fable arabe, un grain de grenade suffit pour reconstruire un monde perdu.

Milady, bien préparée à recevoir Felton, put dresser ses batteries pour le lendemain. Elle savait qu'il ne lui restait plus que deux jours, qu'une fois l'ordre signé par Buckingham (et Buckingham le signerait d'autant plus facilement, que cet ordre portait un faux nom, et qu'il ne pourrait reconna tre la femme dont il était question), une fois cet ordre signé, disons-nous, le baron la faisait embarquer sur-le-champ, et elle savait aussi que les femmes condamnées à la déportation usent d'armes bien moins puissantes dans leurs séductions que les prétendues femmes vertueuses dont le soleil du monde éclaire la beauté, dont la voix de la mode vante l'esprit et qu'un reflet d'aristocratie dore de ses lueurs enchantées. Etre une femme condamnée à une peine misérable et infamante n'est pas un empêchement à être belle, mais c'est un obstacle à jamais redevenir puissante. Comme tous les gens d'un mérite réel, Milady connaissait le milieu qui convenait à sa nature, à ses moyens. La pauvreté lui répugnait, l'abjection la diminuait des deux tiers de sa grandeur. Milady n'était reine que parmi les reines, il fallait à sa domination le plaisir de l'orgueil satisfait. Commander aux êtres inférieurs était plut t une humiliation qu'un plaisir pour elle.

Certes, elle f t revenue de son exil, elle n'en doutait pas un seul instant ; mais combien de temps cet exil pouvait-il durer ? Pour une nature agissante et ambitieuse comme celle de Milady, les jours qu'on n'occupe point à monter sont des jours néfastes ; qu'on trouve donc le mot dont on doive nommer les jours qu'on emploie à descendre ! Perdre un an, deux ans, trois ans, c'est-à-dire une éternité ; revenir quand d'Artagnan, heureux et triomphant, aurait, lui et ses amis, re u de la reine la récompense qui leur était bien acquise pour les services qu'ils lui avaient rendus, c'étaient là de ces idées dévorantes qu'une femme comme Milady ne pouvait supporter. Au reste, l'orage qui grondait en elle doublait sa force, et elle e t fait éclater les murs de sa prison, si son corps e t pu prendre un seul instant les proportions de son esprit.

Puis ce qui l'aiguillonnait encore au milieu de tout cela, c'était le souvenir du cardinal. Que devait penser, que devait dire de son silence le cardinal défiant, inquiet, soup onneux, le cardinal, non seulement son seul appui, son seul soutien, son seul protecteur dans le présent, mais encore le principal instrument de sa fortune et de sa vengeance à venir ? Elle le connaissait, elle savait qu'à son retour, après un voyage inutile, elle aurait beau arguer de la prison, elle aurait beau exalter les souffrances subies, le cardinal répondrait avec ce calme railleur du sceptique puissant à la fois par la force et par le génie : " Il ne fallait pas vous laisser prendre ! "

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